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Les Elfes comme Elémentaux

   Suite à nos articles concernant les elfes de la mythologie nordique et ceux des ouvrages de Tolkien, je vous avais promis de revenir à ces créatures pour les aborder avec un regard bien différent. Et c'est ce que nous allons faire aujourd'hui dans un article qui risque d'être relativement long puisqu'il va nécessiter une mise au point sur une classification particulière des êtres surnaturels : la classification selon les éléments. Air, Terre, Feu et Eau répartissent en quatre catégories ce que Paracelse appelle les hommes sans âme. Il s'agit de créatures imaginaires directement issues de ces éléments, ou par extension entretenant un lien fort avec l'un d'entre eux.

 

paracelse.jpgParacelse, dont le véritable nom mérite qu'on le cite puisqu'il s'agit de Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim (rien que ça), est connu comme médecin, philosophe, alchimiste et théologien laïque. Né en 1493 en Suisse et décédé en 1541 en Autriche, il fonde la toxicologie et révolutionne la médecine en s'appuyant sur les quatre principes de philosophie, d'astronomie, d'alchimie et de vertu. Mais ce n'est pas ici ce qui nous intéresse. Vous avez peut-être remarqué en visionnant le premier volet des Animaux Fantastiques, sorti il y a peu de temps, une allusion à cet homme de science (auquel cas, bravo, vous avez l'esprit vif et l'oreille aguerrie). Et en effet, Paracelse n'est pas étranger à l'étude de nos bestioles favorites. Il est connu comme le principal penseur de la théorie des élémentaux. Mais laissons lui la parole pour un temps :

 

« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme… Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme ; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines

Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d'un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Ne soyez pas incrédules, je le prouverai ! Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre… Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »

- Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 159-160.

 

Paracelse ne fait que reprendre là une idée d'origine byzantine, formulée par Michel Psellos, né en 1018 et mort en 1078. Le savant et théologien découpe en effet les démons en six catégories qui sont : les esprits ignés, aériens, terrestres, aquatiques, souterrains et ténébreux. Mais Paracelse développe son idée ; qui sera ensuite à nouveau complétée par Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, abbé de Villars né en 1635 et décédé en 1673. Ce dernier met en correspondances démons et éléments, pour en conclure que les sylphes sont d'air, les ondins d'eau, les gnomes de terre, et les salamandres de feu :

 

« L'air est plein d'une innombrable multitude de peuples [les Sylphes] de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants. Leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu'on dépeint les Amazones… Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l'air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuple… La terre est remplie presque jusqu'au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries… Quant aux Salamandres, habitants enflammés de la région du feu, ils servent aux philosophe. »

- Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes, 1670

 

Mais qu'en est-il de mes elfes ? Elfes ou sylphes, ces derniers étant une forme hybride d'elfe et d'ange étroitement liée à l'air, se présentent dans ce système comme des créatures ailées, gracieuses et évidemment fortement mobiles, ne mesurant pas plus d'un pouce de hauteur. Les élémentaux sont aujourd'hui conçus comme des gardiens de la nature, difficiles à percevoir car presque fondus dans leur environnement, mais non pas invisibles. Ils évoluent grâce au cinquième élément qu'est l'Ether et n'entretiennent de lien qu'avec un seul autre élément à la fois. Les elfes étant liés à l'air, il ne leur est donc pas possible de respirer sous l'eau, de vivre sous terre ou de traverser le feu, contrairement à d'autres créatures.

 

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Leurs minuscules corps sont légers et on ne pourra les apercevoir que comme une vague forme nuageuse au soleil couchant. Ceux qui sont assez clairvoyants pour les détecter évoquent un corps flou, bleu azur, auréolé d'une touche de rose. On dit que les formes perçues par les rêveurs dans les nuages sont leurs créations, et qu'avec un peu de volonté, on peut les forcer à dessiner ce qu'on aimerait voir.

 

Leur rôle est de veiller sur la photosynthèse et ils passent pour adorer la musique et émerveiller les oreilles de leurs chants célestes. Il s'agit d'esprit curieux par nature mais ne sachant faire la différence entre le bien et le mal, ce qui peut les rendre dangereux. En Allemagne, l'elfe est d'ailleurs perçu comme une créature espiègle responsable des épidémies qui touchent hommes et bétail.

 

Ce n'est pas le cas en Islande, pays dans lequel le Huldufolk, ou peuple caché, conserve une certaine importance culturelle. Une petite part des habitants de l'île affirme effectivement croire à son existence, et il arrive que des projets d'aménagement du territoire soient annulés pour préserver l'habitat naturel d'elfes, de trolls, de gnomes ou d'autres êtres difficilement visibles. Vous avez certainement entendu parler de l'Ecole des Elfes de Reykjavik, dans laquelle Magnus Skarphedinsson enseigne comment vivre en harmonie avec le peuple caché.

 

Le Huldufolk est constitué de créatures lumineuses de très petite taille, belles et minces, peuplant les rochers et les collines et répondant la plupart du temps au nom d'elfes. Elles sont soit bienveillantes, soit indifférentes aux hommes, contrairement aux elfes d'Allemagne. Seuls les trolls sont cruels, laids et stupides, mais il est possible de s'en protéger en leur offrant de la bière : ils sont sensibles à la boisson (comment ne pas les comprendre) et quand ils sont ivres, oublient de se cacher avant le lever du soleil, dont les rayons les changent en pierre.

 

J'espère vous avoir intéressés et que cette nouvelle définition des elfes vous aura plu. A très bientôt.

 

 

 

/Spawy

 

 



29/11/2016
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